Quel gros pincement au cœur on a lorsqu'on quitte malgré-nous un univers que nous aimons... À peine j'ai eu le temps de soupirer de bonheur que me revoilà en Essonne...
J'ai adoré cette semaine. Dimanche dernier, j'ai pris plaisir à rester assis pendant cinq heures... J'ai aimé voir le ciel peu éclairé du matin du Nord se changer en un ciel bleu ensoleillé du Sud. « Destination Toulouse-Matabiau » est une phrase mélodieuse, presque poétique je dirais. Le son de ces mots résonne agréablement dans l'oreille. Le sourire reprend peu à peu sa place sur le visage. Le moral est d'aplomb ! Je me suis senti fort ; rien ne pouvait à ce moment-là me toucher (d'ailleurs, je crois qu'avant d'entrer dans la gare de Montparnasse, j'ai donné une pièce à un roumain... Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je ne pourrai le confirmer ; il faut croire que la joie a été plus forte que la raison). Je suis définitivement fan des routes de ce Sud depuis lesquelles un magnifique paysage nous est offert... On se détache de la monotonie et on se sent parfaitement revivre. Une ambiance très chaleureuse domine toute la région. Que dire de plus si ce n'est... Whouah ! ...
Mais Monsieur le Temps est bien trop rapide lorsqu'on se trouve dans un bonheur total. Par contre, quand quelque chose nous tarde impatiemment, il n'y a plus personne... Ah ! Ce con... ! Il ne me tardait absolument pas de rentrer dans le Nord. On prend vite goût à certaines habitudes en compagnie de l'Être qu'on aime tant... On se sent frustré, vexé par le Temps lorsque vient le jour de se dire "au revoir"... Je me suis senti totalement "achevé", tout seul, une fois le dernier fragment du bus dans lequel tu as pris place est passé derrière le mur... J'ai eu des frissons lorsque je regardais le banc où nous étions assis, ou même cette porte que nous avons traversé pour s'hydrater, ou encore ce panneau des horaires du bus sur lequel tu avais posé délicatement tes doigts afin de vérifier si tu ne t'étais pas trompée... J'ai eu soudainement un moment de panique jusqu'à ce que mon téléphone vibre pour m'annoncer ton appel... Se sentir à la fois loin et proche est plus que désagréable et frustre énormément...
Ce gros pincement s'est fait ressentir une fois que je me suis installé dans le train du retour. Un beau ciel bleu ensoleillé, le même que l'allée, dominait le ciel de mon Ange du Sud. Mais, plus le train remontait, plus ce ciel laissait place à d'épais nuages gris, sombre, sinistre, déprimant... Puis est venu l'annonce « arrivés en gare de Montparnasse » ... Son amère... C'est véritablement à ce moment là que je me suis rendu compte que la Distance était à nouveau présente entre nous. J'ai cette impression que je ne vais pas du tout aimer les semaines à venir jusqu'à nos retrouvailles...
« [...] On ne comble pas la Distance. La marquise serait restée sur sa faim. Le rythme des impatiences aurait changé, non les sentiments. Elle attendait la prochaine sonnerie du téléphone, comme elle attend les prochaines lettres. « Je suis bien assurée qu'il me viendra des lettres, mais je les attends et je ne les ai pas. » Les lettres qui sont en chemin symbolisent la séparation des deux femmes et leur besoin de la compenser. Elles matérialisent la distance, puisqu'il faut tant de moyens techniques et de temps pour la surmonter : de l'encre, du papier, mais aussi des chevaux et un postillon, sans parler des relais et des maisons de poste. Elles matérialisent aussi le désir de garder le contact. Au bout du compte, elles vont de main en main. Mme de Sévigné touche le papier qu'a touché sa fille et lit les mot qu'elle a sans doute relus après les lui avoir écrits. Elles sont présences de l'absente. La marquise emporte avec elle les dernières lettres reçues. Elle les sent dans sa poche. Elle les touche. Elle les montre. Elles sont là. Elles sont là, mais elles sont le passé. L'esprit ne s'en satisfait pas. Il est toujours au-delà et ailleurs. Il anticipe sur le temps et s'élance dans l'espace. D'autres lettres sont déjà écrites et courent les chemins, réelles pour celle qui les a écrites, virtuelles pour celle qui les attend et qui ne les a pas. Avant de devenir une sorte de présence, elles marquent la cruelle réalité de l'absence. Comme la correspondante, elles existent ailleurs. Existence frustrante, qui n'a lieu que dans la pensée. Ni Mme de Grignan ni ce qu'elle a écrit ne sont là. Jusqu'à leur arrivée, au prochain courrier, au prochain retour, la marquise est condamnée à l'impatience et au manque. »
Je me sens parfaitement bien dans cet endroit imaginé. À droite se trouve le sentier de la Liberté. À gauche ce que je désire le plus au Monde. En face deux serviettes faces à la Mer. Mes pieds me brûlent ; le sable est bien trop chaud. Je décide de me mettre sur l'une des serviettes. Je suis vêtu d'un costard noir et de lunettes de soleil de la même couleur. J'ai chaud avec tout cela. Pourtant, je souris de plaisir. Je décide d'aller baigner mes pieds. Je m'approche de la Mer. Les vagues arrivent et mouillent le bas de mon pantalon noir. Un éclat de rire échappe de ma bouche. Je baisse légèrement ma tête et me vois. Il s'agit de mon reflet. Quel homme ! Je retourne essuyer mes pieds sur la serviette. Je décide finalement de courir jusqu'aux rochers. Cependant je trébuche et, je crois, que je me cogne la tête.
J'ouvre soudainement les yeux tout en sursautant.
Je me trouve dans un lit ; le mien. Je regarde l'heure sur mon portable : "05h15". Je suis en pyjama. Je me lève sans faire de bruit et me dirige vers la fenêtre de la salle. Je regarde l'horizon. À droite se trouve des souvenirs ; je suis prisonnier de ceux-ci. À gauche se trouve le Bonheur ; il est pourtant bien loin. En face, la Distance qui me sépare de celui-ci...
Chaque soir une habitude me prend ; celle d'éteindre toute lumière dans ma chambre. Ensuite, je m'approche de ma fenêtre et, de temps en temps, l'ouvre. Tout cela pour regarder le ciel noir. Des fois il s'agit de nuages qui reflètent la lumière de Paris. Des fois il s'agit d'un ciel lisse dans lequel apparaît un bon nombre d'étoile dont la constellation de la Grande Ours. Enfin, et à quelques heures précises, la Lune domine cette gigantesque Mer. C'est à ce moment là qu'un sentiment m'envahit l'esprit... La Lune, les étoiles, la constellation de la Grande Ours... Trois éléments pouvant être vu de n'importe où... En effet, à chaque fois que je vais quelques part, loin de chez moi, je retrouve ceux-ci... Au Portugal, en Auvergne, en Espagne, en Italie, à Rennes, en Côte d'azur, et avec toi, au Grau d'Agde, à Revel et à Brommat. De temps en temps j'espère que tu les regardes afin de goûter à ce spectacle universel.
Mon esprit, avant même de pouvoir penser à autre chose, s'envole et atterrit près de toi. Loin des champs de l'Essonne, je me sens comme proche de ton Être mais ne peux ni te parler ni te prendre la main... Je dois uniquement me contenter de mes souvenirs ainsi que de certains détails qui me permettent de te situer (chez toi, dans ta chambre, près du portail, au Casino, etc.). Mon cœur bat plus fort... de tristesse. J'aurais pu être là, physiquement parlant, avec toi, si la Vie n'en avait pas décidé autrement... J'ai cette impression que mon Âme est divisée en plusieurs parties et se trouvent à la fois dans ta ville mais aussi en Aveyron, dans cette maison et ainsi que dans tous les autres endroits que j'ai pu connaître. Ce sentiment... Sentiment qui amène à cette impression de ne pas être entier... Tel un fantôme ayant pu laisser ses traces. Puis, cette culpabilité qui m'envahit également...
L'impression de t'avoir lâchement abandonnée, alors que, finalement, je n'ai eu guère le choix et qu'il devait en être ainsi... Je suis heureux à l'idée d'être sûr que nos projets se réaliseront. Mais, en attendant, la larme à l'œil.
J’ai absolument besoin d’écrire tous les événements qui se
sont produits pendant ces grandes vacances…
Tout commence à une semaine de révisions des épreuves du
Baccalauréat et peu de temps avant… Ma Chérie m’avait proposé, avec le total
consentement de ses parents, de poursuivre mes études supérieures dans le sud ;
c’est-à-dire loin de mes proches. Cela m’a semblé très excitant et surtout
tentant… Cependant, il y avait un seul problème… Bah oui, ma mère qui a
catégoriquement refusé ; pour elle, il s’agissait d’une idée totalement
stupide, nulle, sans organisation parfaite, etc. Il y a eu des échanges de
mails entre mon Ange et ma mère et ma mère et les parents de mon Ange :
ceux-ci affirmant qu’ils avaient confiance en elle, qu’elle et moi étions
parfaitement responsable pour vivre ensemble dans l’appartement payé avec soin
par eux. Bref. Une semaine de « presque guerre » avec ma mère et ce
avant les épreuves du Baccalauréat… J’en ai pris pleins la figure : du
fameux « tu m’as trahi ! »
en passant par le célèbre « Avec
tout ce que j’ai pu faire pour toi, voilà comment tu me remercies ?! ».
Puis celle-ci qui affirme que ma Chérie me monte la tête ; que je n’ai
suffisamment pas la tête sur les épaules pour réussir et obtenir le
Baccalauréat. Qu’il est certain que je ne l’aurais pas. De même, elle ne
voulait plus entendre parler de ma petite Femme ; elle n’était d’ailleurs
plus la bienvenue chez mes parents… Quelle ambiance forte sympathique pour
réviser, n’est-ce pas ? Heureusement, j’avais la médiathèque de la ville
où me réfugier pour me replonger dans les manuels scolaires...
Mon Baccalauréat ? Je l’ai eu au rattrape avec 10.15 de
moyenne…
Ma mère, lors du premier jour d’épreuve, semblait également
stresser tout autant que moi quant aux épreuves qui m’attendaient bien au chaud
au lycée. Elle n’a pas hésité à se lever de bonne heure pour m’adresser le plus
grand « Merde » qu’il soit
afin que je puisse réussir cet examen.
Quelle joie que d’avoir fini toutes les épreuves en pensant
avoir plutôt bien réussi la majorité des matières ! Puis, qui dit épreuves
terminées dit vacances d’été ! Ma famille avait prévu de partir durant un
mois entier au Portugal. Bien évidemment je devais refuser car non seulement il
fallait que je reste pour attendre les résultats du Baccalauréat mais aussi
parce que l’Ange du Sud, ma petite Femme, avait prévu de venir à Paris pour un
week-end deux semaines presque complètes. Bien naturellement ma famille n’était
pas au courant. Ni celle de mon Ange ; en effet, le paternel ne veut pas
que sa fille monte à Paris car lui-même appréhende cette ville si dangereuse et
comportant seulement de la racaille. Cependant, cette jeune femme qui m’est très
chère a tout de même acheté un billet d’avion pour Paris et sa banlieue sud :
l’Essonne ! Quelles vacances… Des rencontres entre PIens, suivies de
moments si magiques dans ces lieux de Paris dont je ne citerais pas les noms…
Nous avons goûté à cette vie de couple… et avons pris plaisir à la vivre. De
même, il y a eu ce jour des résultats du Baccalauréat… Une mini-déception d’avoir
atterri au 2èmegroupe. Puis le jour suivant… Que d’angoisse en
perspective ! Tout d’abord l’épreuve d’Histoire des arts : la ville
du Havre ? Chouette ! Je l’ai travaillée dans mon dossier ! Puis
l’épreuve de Philosophie : Les
Méditations Métaphysiques de Descartes ? Hm, ça me semble pas mal
étant donné que j’ai passé un oral blanc il y a peu de temps avec le professeur…
Mais voilà ; les épreuves du rattrapage finis… C’est là où le doute se
fait sentir le plus ; se dire finalement qu’on n’a pas si cartonner que ça… !
Puis, une heure d’attente, en attendant la délibération du jury pour les
résultats finals. Quel stress que nous avons partagé tous les deux, mon Ange !
Mais que de souvenirs, tout de même, gravés à jamais dans notre cœur et dans notre
mémoire. Ton soutien m’a apporté énormément. Si tu n’avais pas été là… Je me
demande si j’aurais vraiment relu comme j’ai pu relire mes cours pour les
rattrapages… Rien ne vaut l’autorité d’une Pffpff ! Puis, il y a eu ce
moment où nous avons su que mes parents allaient arrivé plus tôt que prévu. Mais
finalement, tu as eu le temps de partir le jour prévu… Quelle tristesse de l’avoir
abandonnée à l’aéroport d’Orly puis faire tout le trajet pour rentrer tout seul…
Nous qui avions pris cette habitude d’être tout le temps ensemble... L’appartement
m’a semblé si fade et dépourvue de joie. Je n’avais plus de repère. Puis j’ai
pleuré, seul, assis sur le canapé où nous avions pris l’habitude de s’allonger,
dans un silence total…
Six jours sont passés. Mais tellement lentement ! Le
temps se fait de plus en plus désirer au fil des jours…
Eh oui, il était temps pour moi de rejoindre mon Ange dans
son si joli Sud ensoleillé. Tout d’abord il y a eu ma mère qui m’a déposé à la
gare Montparnasse 1 et 2, puis ces six heures de trajet via TGV. Enfin, je suis
arrivé à Toulouse Matabiau… Et, je la vis ; si rayonnante ! Bref. Je
pense que ce jour là nous revivions. Nos projets pour le mois d’août ?
Partir trois semaines au Grau d’Agde avec ses grands-parents paternels puis une
semaine à Brommat en compagnie de ses parents… Le Grau d’Agde… Que de souvenirs…
Ce phare, cette nuit de pluie d’étoiles filantes, cette plage, ces glaces, ce
McDonald’s, ses brûlures (pour moi) aux épaules… Bref, ces habitudes ; les
nôtres. Puis il y a eu Brommat… Ce petit village, cette piscine et… ces
araignées. Ambiance campagnarde quand tu nous tiens ! Puis nous
rentrons à Revel… Et là tout commence…
À peine que mon Ange et moi sommes revenus de ville, nous
avons trouvé ses relevés de compte bancaire ouverts et entassés sur son lit…
Nous les survolons puis, aïe… Nous voyons « Massy-Opéra » dessus. C’est à ce moment là que nous avons
compris que les choses allaient se compliquer, mais pas avec une telle réaction aussi excessive. Elle s’en est tellement prise pleins la tête ! De « Qu’as-tu fait de l’argent ? Tu as
acheté de la drogue ? » à « Tu es monté pour seulement baiser avec lui »…Puis la voir
revenir en pleurs… Cette image sera, hélas, elle aussi gravée à jamais dans ma
mémoire. Ça fait tellement mal de voir la personne que l’on aime le plus
pleurer et nous dire que nous devons, par ordre des parents, trouver un billet
d’avion pour le lendemain, dans le but que je rentre… À cinq jours du départ
prévu… Bien évidemment, nous nous
exécutons… Le lendemain je rentre bel et bien à Paris. Puis je raconte tout à
ma mère en rentrant dans les détails. Celle-ci fut révoltée et leur envoya un
mail pour les remercier de m’avoir accueilli mais qu’il était inadmissible de m’avoir
jeté dehors comme un malpropre. Quelle réaction il a eu, le paternel ! Il
s’est mis à insulter la Femme de ma Vie, ma mère et moi. « Je suis dans une rage folle ! »
a-t-il dit ? Pas plus que moi maintenant… Essayer de briser en vain notre
couple… La quasi-harceler et la quasi-séquestrer en lui donnant seulement une
heure de communication et une heure d’accès à Internet : pour lui, la
communauté de Poudlard.org est une secte qui a manipulé sa fille… Qu’elle n’a
plus l’esprit critique et qu’il faut la sauver de tout cela…. Tout en jugeant
que « nous ne sommes pas fait l’un pour l’autre », que « nous
sommes différents », que « je vais la rendre malheureuse », blablabla…
Et maintenant, ce qu’il fait ? La mener à bout avec des réflexions enfantines.Et puis, je croyais « qu'il avait confiance en sa fille ? Qu'elle savait ce qu'elle faisait ? Que nous sommes assez grands pour savoir ce qu'on fait ? » Et maintenant, c'est « Tu as perdu tout esprit-critique »... Mais qui êtes-vous pour juger ? Et tout ça pour quoi ? Parce qu'elle est venue à Paris, à 19 ans, sans l'accord du papa. Tout ce que voulait son père c'était la surveiller. Quitte à dissoudre ma famille.
Il y a une part de ressemblance, qu'il faut noter, avec la réaction de ma mère face à la proposition de poursuivre mes études à Albi...
Ça fait mal le retour de la manivelle, n’est-ce pas, connard ?
Notre Amour, pour l'Éternité. Et ça, personne, même
pas tes parents, ne peut rien y faire.
-------------- * Famille : Manipulation, hypocrisie.
Je me sens actuellement envahi par une puissance totale, absolue. Je me sens éloigné de toutes les autres personnes. Je les juge après de multiples observations. Je ne tente aucune approche. Je ne donne plus aucune nouvelle. J'utilise de temps en temps de l'humour noir ; certaines personnes en rigolent, d'autres sont choquées. J'aime les voir dans cet état là. J'ai toujours ce petit sourire au coin des lèvres. De temps en temps j'ai envie de faire mal. Non pas par l'utilisation de la violence physique mais par les mots que j'emploie. Je fais attention au moindre mot et à la tonalité avec laquelle je réplique. Drôle de pouvoir... Ouaip.
Les gens : je les trouve faibles, niais, stupides, trop sensibles. Traitez moi de connard, de salaud, de prétentieux, ou autres insultes dans le genre, si vous le voulez. Ça m'est égal. Je ne me sens aucunement supérieur ; loin de là. Juste que je jouis de certains de mes comportements. En début d'année en cours de philosophie, on a appris qu'une personne, si elle le souhaitait, a parfaitement la possibilité de changer au cours de sa vie. Ainsi, si celle-ci est de nature sensible elle peut devenir tout à fait froide et sans aucune gène. Ou inversement, une personne antipathique a la possibilité de devenir beaucoup plus sympathique et sensible. Bref.
Je vous hais mais je vous aime du plus profond de mon cœur. Sincèrement.
Si vous ne comprenez pas cet article (très confus soit-il), tant pis ; l'important est que je me comprenne. Et détrompez vous, tout ça est positif, pour moi.
« Que chacun examine ses pensées. Il les trouvera
toutes occupées au passé ou à l’avenir. Nous ne pensons point au présent, et si
nous y pensons ce n’est que pour en prendre la lumière pour disposer de l’avenir.
Le présent n’est jamais notre fin. Le passé et le présent sont nos moyens ;
le seul avenir est notre fin. Ainsi, nous ne vivons jamais, mais nous espérons
de vivre, et nous disposant toujours à être heureux il est inévitable que nous
ne le soyons jamais. »
Pensées (liasse II : Vanité - fragment 43) Blaise PASCAL
En cours de philosophie nous sommes entrain de nous intéresser sur l'existence et le temps. Je trouve qu'il s'agit d'un des thèmes du programme des plus intéressants (parce qu'il faut noter que je n'arrive pas du tout à dormir sur ma table mais, au contraire, à avaler un par un les mots -même les conneries- que la prof' prononce). Donc j'ai décidé de mettre ici même ce qu'on a fait en cette matinée du 14/05/2009.
Cela est en fait l'analyse du fragment 43 des Pensées, de Blaise Pascal, que j'aie publié il y a quelques jours.
« On distingue ordinairement trois moments du temps : le passé, qui n'est plus, le présent et le futur qui n'est pas encore. Il s'agit bien de trois moments et non de trois parties, car comme le montre Aristote, le présent n'est pas véritablement une partie du temps mais la limite entre le passé et l'avenir. À prendre les choses en toute rigueur, nous ne pouvons être qu'au présent. Ce que nous avons été, nous ne le sommes plus, et ce que nous serons demain, nous ne le sommes pas encore. Mais dans ce présent qui est nécessairement le nôtre, nous pouvons soit prendre ce présent même pour objet de notre conscience et de notre préoccupation, soit nous rapporter, par la mémoire ou l'imagination aux temps qui ne sont pas. Il est vrai que c'est toujours maintenant que je me souviens et maintenant que j'imagine l'avenir. Dans l'acte de ma mémoire ou de mon imagination, je ne puis quotter le présent où ils s'effectuent. En revanche, dans l'intention qui est alors la mienne, je me suis transporté en des temps qui ne sont pas. C'est ainsi que selon l'intentionnalité, le temps devient comme une sorte d'espace dont les parties pourtant réellement non existentes sont ouvertes à mon vagabondage. C'est maintenant que j'anticipe demain et cette anticipation remplit mon présent. Cependant, anticiper demain c'est intentionnellement avoir quitté aujourd'hui. C'est errer hors du temps où je suis. Les stoïciens avaient déjà remarqué que l'homme est enclin à fuir le lieu où il est pour chercher dans les voyages un allégement de son ennui. Or, sans bouger de place, nous faisons tous de même avec le temps. L'homme est celui qui ne peut exister que dans des temps irréels. Pourquoi cette fuite dans l'irréalité ? Il s'agit d'abord d'un constat. L'homme est décrit comme celui qui est incapable de tenir au présent. L'homme est un êre d'anticipation mais aussi de regret ou de nostalgie. Ainsi l'homme se trouve-t-il toujours en un autre lieu que celui où il devrait se tenir. L'anticipation le conduit non seulement à espérer mais aussi à vouloir raccourcir la durée qui le sépare du bonheur entrevu. Il y a ici une double vanité : en un sens stoïcien, il est vain d'espérer puisque l'événement à venir n'est pas en mon pouvoir. Mais il est encore plus vain de vouloir écourter le temps. D'une part, cela n'est pas possible tant il est vrai que le temps s'écoule inexorablement ; d'autre part, vouloir ainsi écourter le temps revient à se priver d'un temps qui nous est pourtant mesuré. Ainsi, ce désir que le temps s'accélère, s'il se réalisait, ne ferait que nous mener plus rapidement à la mort. Mais l'homme veut aussi que reste le passé qui s'écoule trop rapidement. Il souhaite alors arrêter le temps. Que l'homme ait vécu un moment heureux ou que le passé soit naturellement embello, on juge que le temps passe trop vite. Comme l'on ne peut ni accélérer le temps ni le ralentir, ni vivre dans l'avenir, ni demeurer dans le passé, l'homme est cet être impuissant et vain qui se promène dans des temps purement irréels. Il mène alors une existence imaginaire perdant par là même l'occasion de vivre le seul temps lui appartienne, le présent. Notons qu'il ne s'agit pas du Carpe diem de Horace, c'est-à-dire de cette injonction à s'emparer du moment présent parce que l'existence humaine est fragile, le temps filant sans cesse ; vivre au présent ne consiste pas ici à profiter de la vie mais bien plutôt mener l'existence qui convient à un être qui sait son âme est immortelle et qu'il convient ici et maintenant de songer à son salut. On pourrait dire ici, de manière nietzschéenne, que l'homme renonce à son existence temporelle au profit d'une vie bien plus irréelle et improbable. Mais pour Pascal, le présent ne doit pas être négligé ; ce n'est pas qu'il ait de la valeur en lui-même mais c'est en lui et en lui seulement que l'homme peut méditer sur lui-même et réfléchir à sa condition. Qui vit dans le passé ou dans l'avenir, dans la nostalgie ou dans l'espoir manque à son devoir qui est de songer à sa condition. Ainsi, l'homme est cette créature incapable de demeurer dans son temps, le présent, de même qu'elle est incapable de demeurer en un lieu. L'homme quitte le présent comme il quitte sa chambre, ne supportant pas de reste avec lui-même. Or, l'existence qu'il mène hors de chez ou hors de lui le conduit à une existence irréelle, celle du divertissement ; de même, l'existence qu'il mène hors de son temps lui fait manquer la seule réalité qui soit en son pouvoir. Il n'existe pas ; il attend d'exister. Il existe sur le mode de l'espoir, du lendemain. Ce qui entretient ce mode d'existence est le bonheur, bonheur qui est toujours à venir et qui nous conduit à faire du présent un simple passage vers ce qui seul importe, l'avenir. C'est bien le présent qui se trouve nié au profit d'un temps don nous ne savons rien. La pensé commune tient pour très,raisonnable de faire du passé et du présent les moyens de l'avenir. Elle croit que nous seront d'autant plus heureux que nous nous serons mieux préparés à l'être et que nous aurons mieux disposés aujourd'hui les moyens et les conditions de notre bonheur futur. Ne faut-il pas semer pour récolter ? Or le paradoxe pascalien nous enseigne au contraire qu'agir ainsi c'est vivre sur le mode des préparatifs. C'est à ce mode que nous nous sommes convertis en négligeant le présent. Aussi sommes-nous devenus pour toujours des êtres d'attendre. C'est bien l'existence qui n'en finit pas de ne jamais advenir à l'existence ».
Bernadette-Marie Delamarre
Pffiu, que j'aime certains sujets philosophiques. Voilà une bonne chose de faite. Parce qu'en écrivant cet article j'ai en même temps revu mon cours. :-D
Je repars officiellement. Je déplie mes ailes et me casse de cette période désastreuse. Je reprends goût à la vie, un peu. Mais beaucoup de choses vont changer... J'ai décidé de ne plus m'ouvrir aussi facilement aux autres. Être plus distant et plus observateur que d'habitude. Ne plus aimer. Ignorer de potentiels signes. On a joué avec moi et mes sentiments (désolé, mais même si on m'a affirmé catégoriquement le contraire, et je veux bien le croire, voilà, je ne vois pas comment on peut appeler ça autrement (et oui, je sais, il y a contradiction dans ce que je viens d'écrire)). Cette déçision est prise et ne sera aucunement changée. Par personne. Maintenant, avalons la clef.
Plus jamais.